DÉMOS SYNTHÉTISEURS, CARTES SONS...



RHODES MK60 ET MK80 PAR ROLAND, DÉMOS ET DESCRIPTION

Quand en 1990 les modèles Rhodes MK60 et MK80 sont apparus sur le marché, celles et ceux qui avaient flirté avec l'équivalent électro-acoustique des années 1960/1970 n'avaient qu'une idée en tête : retrouver le son du modèle original. Les Rhodes MK60 et MK80, pouvaient-ils y prétendre ?


PETIT COME-BACK

Pour de nombreux amateurs de musique jazz, le Fender Rhodes symbolise avant tout le jazz moderne et funky des années 60 aux années 80. Que ce soit sous les doigts de Keith Jarrett (qui pourtant ne l'appréciait guère), de Chick Corea (qui avait su parfaitement intégrer sa sonorité dans ses improvisations au sein de Return to Forever) ou encore de Herbie Hancock (au sein des Headhunters), l'instrument à clavier avait envahi les productions discographiques en faisant vibrer ses fines tiges de métal amplifiées comme pas deux !

Hélas, pour le constructeur américain, le Rhodes va être brusquement confronté aux technologies révolutionnaires des années 80. Face à la synthèse FM, représentée principalement par le modèle DX7, l'instrument décline peu à peu avant d'être vendu à la firme japonaise Roland qui décide de reconduire le son du piano électrique grâce aux progrès de l'échantillonnage. Nous sommes en 1988, et le procédé de l'échantillonnage voulu par Roland repose alors sur l'utilisation de puces électroniques optimisées via le "méga ordinateur" de son centre de recherche. Pour peaufiner certains détails, l'équipe technique n'hésitera pas à faire appel à son concepteur, Harold Rhodes, comme conseiller. Après plusieurs mois de recherche et de remises en question, le constructeur nippon sortait deux modèles : le Stage 60 et son grand frère, le Stage 80...

© Roland – Rhodes MK80 (photo commerciale)


VERS UNE AUTHENTICITÉ SONORE DU RHODES

Les « nouveaux Rhodes » n'ont pas réellement le même design que les originaux. C'est normal, après tout ! La miniaturisation des composants électroniques autorise d'autres audaces, ce qui permet aux deux Stages d'être plus compacts. Quant au poids, même s'il n'est pas négligeable (env. 35 kg pour le MK80), celui-ci est sans commune mesure avec les modèles électro-acoustiques, puisque les marteaux et les tiges en acier ont disparu. Les circuits intégrés sont venus en remplacement pour offrir aux utilisateurs toutes les avancées technologiques qui faisaient défaut sur les originaux : une molette de pitch, quelques effets intégrés et une implantation MIDI assez complète... entre autres.

Les sons du Rhodes ont été échantillonnés en technologie SA ce qui explique le réalisme de la première sonorité proposée et baptisée « Classic », en particulier dans les médiums, à cause des harmoniques plus présentes. Les extrêmes basses sont convaincantes (même si elles ne saturent pas autant que les originaux), et les aigus sont vraiment cristallins.

Toutefois, pour les claviéristes insatisfaits, le son du Rhodes se décline en trois autres versions :

  • 1. Le « Special » propose des harmoniques de rang impair qui sont renforcés avec la vitesse pour simuler, comme sur les modèles originaux, le marteau venant frapper avec force la tige en acier.
  • 2. Le « Blend » permet d'augmenter l'effet d'attaque et la sensation de distorsion.
  • 3. Le « Contemporary » est une imitation du son imité du Rhodes. Bizarre tout de même !

Bref, avec les MK60 et MK80, on retrouve la signature du son Rhodes dans ses grandes lignes, d'autant que la saturation typique varie naturellement en fonction de l'attaque des touches.

Bien plus qu'une tentative d'imitation (réussie), les deux claviers intègrent également un piano acoustique correctement échantillonné, notamment dans les médiums, ainsi qu'un modèle amplifié (« Electric Grand ») qui rappellera à certains le CP70 de Yamaha. Un clavinet et un vibraphone complètent la palette sonore des deux instruments.


RHODES MK-80 (ROLAND) par TIAGO MALLEN

TRAITEMENTS SONORES ET MIDI

Les huit sonorités peuvent être modifiées grâce aux effets incorporés, réglables à l'aide des "sliders" et des "switches".

Nous trouvons un trémolo et un phaser réglables en vitesse et en profondeur. Le chorus peut être obtenu à partir de plusieurs sources de modulation. Un égaliseur paramétrique à 3 bandes est par ailleurs présent avec Bass, Middle (entre 200 et 4 000 hertz) et Treble ; toujours utile pour affiner la sonorité de l'instrument en fonction de l'amplification audio.

Sur les Rhodes MK, l'implémentation MIDI est fort complète, puisqu'on y trouve en particulier les "program-changes" et le changement de canal en temps réel. Pour opérer, Il suffit seulement d'appuyer sur un des 16 canaux MIDI. Une autre fonction, extrêmement utile, "Voice Preserve", permet à un canal différent d'être validé seulement après une nouvelle action sur le clavier, mais pas pendant le jeu.

L'édition sonore comprend d'autres paramétrages pour un surplus de personnalisation :

  • Brightness : amplitude des harmoniques de rang élevé agissant sur le formant.
  • Body : amplitude de la fondamentale et les premiers harmoniques.
  • Bender Depth : variation du "pie", commutable en auto-bend et assignable à la vélocité.
  • Punch : niveau de l'attaque.
  • Tightness : temps d'atténuation.

Toutes ces modifications, effets et traitements, ainsi que les réglages MIDI peuvent être mémorisés grâce à 56 emplacements de configuration.

Herbie Hancock utilisant le Rhodes MK80 sur scène en compagnie du guitariste Pat Metheny.


UN BON CLAVIER, MAIS AUSSI QUELQUES FAIBLESSES

Les claviers du Rhodes MK60 ET MK80 conviendront davantage à des pianistes par la lourdeur du toucher qu'à des musiciens habitués aux touches souples des synthétiseurs (bien qu'il soit envisageable d'atténuer la sensation de lourdeur grâce aux courbes de vélocité). Cette « qualité », souvent recherchée, est mise en avant grâce à l'utilisation de différentes courbes d'attaque et de « scaling » appliquées au réglage subtil de l'accord en fonction de la note jouée (fonction Stretch *). De plus, la vélocité pourra être émise séparément en MIDI par sélection de 8 courbes différentes.

Malgré toutes ces avancées technologiques pour l'époque, on regrettera quelques faiblesses : l'absence de l'aftertouch, et plus grave, une polyphonie limitée strictement à 16 notes qui risque fort de produire un frein à l'acquisition (surtout de nos jours où la puissance de la polyphonie ne fait plus vraiment débat).

Vendu à l'origine env. 2 000 € pour le MK60 et 3 500 € pour le MK80 (conversion en euros sans tenir compte de l'inflation), ce dernier se négocie en occasion aux alentours de 400 à 700 € (prix constaté au 06/2024).

* La fonction Stretch : elle se compose de huit courbes différentes. 1 : simule l'accord d'un piano à queue (harmonisation). – 2 : simule l'accord d'un piano droit. – 3 : l'effet de la courbe 1 est amplifié. – Cinq autres courbes concernent les sons de Rhodes, de clavecin et de vibraphone.


PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES

  • Clavier 88 notes toucher lourd avec vélocité.
  • 8 sons en ROM.
  • Polyphonie 16 notes (10 seulement pour les presets « Contemporary » et Clavinet).
  • 56 sons programmables.
  • Bender.
  • Égaliseur paramétrique à 3 bandes.
  • Effets chorus, trémolo et phaser.
  • Affichage Led éclairé réglable (2 lignes, 16 caractères).
  • Prises MIDI In, Out et Thru.
  • Deux jacks pour sortie Audio.
  • Une entrée casque.
  • Une entrée pédale damper.
  • 16 canaux MIDI.
  • Poids 34,5 Kg (MK-80).
  • Prix constaté sur le marché de l'occasion : de 400 à 700 € au 06/2024.

Concernant le modèle MK-60, celui-ci comprend un clavier 64 notes toucher lourd avec vélocité, mais pas de phaser, ni de middle en égalisation.

Piano Web (07/2024)


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